Volutes illicites derrière l'escorte policière
La Presse, dimanche 2 mai 1999, p. A3
Girard, Marie-Claude
Escortés par les policiers qui leur ouvraient la voie, plusieurs centaines de marcheurs procannabis ont envahi la rue Saint-Denis et l'avenue du Mont-Royal à l'occasion du «Liberation Day», un rallye international contre l'intolérance envers les utilisateurs de cannabis, les fumeurs «récréatifs» comme les malades à la recherche d'un soulagement.
Les manifestants se sont d'abord regroupés au carré Berri au milieu des tam-tams, des volutes parfumées et de ballons blancs à l'effigie de la plante. La foule, surtout jeune, comptait aussi un bon nombre de personnes d'âge mûr. Au départ de la marche, un homme à tête blanche s'est d'ailleurs amusé à brandir un joint au nez des policiers. Les organisateurs du Bloc-Pot lui ont rapidement demandé d'intégrer les rangs des marcheurs.
Vous ne craignez pas que les policiers qui ouvrent la marche commencent à arrêter tout le monde? Le fondateur du Bloc-Pot et organisateur de l'événement, Marc «Boris» Saint-Maurice, reconnaît qu'il y a toujours un risque. Mais au nombre de manifestants, il serait étonnant qu'on procède à des arrestations, estime-t-il.
D'ailleurs, le service de police de la CUM n'a rapporté hier aucun incident. Le Bloc-Pot, qui prône à court terme la non-intervention policière et judiciaire pour les utilisateurs de cannabis, ne peut y voir qu'un signe encourageant.
«La majorité des consommateurs ne sont pas souffrants ni malades et avec le projet de cannabis médical, tel que proposé, ces gens-là resteront sans défense devant la loi», a martelé Boris, soulignant que le dossier de l'utilisation médicale du cannabis mérite d'être réglé au plus vite. Arrêté quatre fois pour possession de petites quantités de marijuana, il dit n'avoir plus rien à perdre.
Le parcours s'est terminé au pied du mont Royal. Les manifestants ont alors été invités à une soirée bénéfice du Bloc-Pot, au World-Beat, boulevard Saint-Laurent.
Des marches semblables étaient organisées hier, principalement aux États-Unis. Londres, Édimbourg, Prague, Oslo, Melbourne et même Amsterdam devaient également être visitées par des manifestants du «Million Marijuana March».
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