La décriminalisation de la marijuana est réclamée lors d'une manif de «poteux» à forte odeur politique

Le Journal de Montréal, lundi 26 octobre 1998
Pilon, Gilles
Pendant qu'une centaine de jeunes manifestaient en faveur de la décriminalisation de la marijuana hier après-midi en se gelant joyeusement la « bine » au square Berri, une vingtaine de policiers du SPCUM, chargés de les surveiller, se gelaient... les pieds en faisant nerveusement les cent pas.
On n'aurait pu imaginer une scène aussi cocasse hier au square Berri à Montréal, alors qu'une centaine de jeunes marginaux, s'adonnaient, dans un geste hautement politique, à leur passe-temps préféré: fumer de la marijuana au grand jour, devant tous les passants et la vingtaine de policiers chargés de les surveiller, de les contrôler et de les photographier.
Bloc Pot
La manifestation, organisée par le Bloc Pot, un nouveau parti qui fait son entrée sur la scène politique provinciale cet automne en présentant 30 candidats aux prochaines élections provinciales, se voulait un cri pressant pour décriminaliser la possession et la consommation de marijuana.
«Le pot, comme le dit Marc Saint-Maurice chef du parti, c'est de l'herbe qu'on peut cultiver soi-même et dont on peut contrôler la qualité. On est bien loin des drogues chimiques et de leurs effets néfastes sur la santée...»
Selon Marc Saint-Maurice, plus de 30% de la population aurait déjà consommé ou consomme présentement de la marijuana reconnue pour ses effets dépresseurs et calmants.
Le problème, selon lui, c'est qu'en criminalisant l'usage de la marijuana, on force les utilisateurs à transiger avec les milieux criminels, on les force à payer un prix exorbitant pour l'herbe et on vient marginaliser et «ostraciser» inutilement les fumeurs de pot.
«Pourtant la prohibition et la guerre à la marijuana n'ont pas réussi à la faire disparaître de la circulation même après 25 ans de guerre... La lutte à la marijuana est bien plus une lutte que mène le système contre les classes pauvres», dit Marc Saint-Maurice.
Le Bloc-Pot réfute les affirmations voulant que la consommation de marijuana mène nécessairement à la consommation de drogues dites dures et qu'elle fait de ses consommateurs d'éternels perdants.
«Regardez Jean Charest, il a avoué en avoir consommé lorsqu'il était plus jeune, ça ne l'a pas empêché de s'affirmer et de devenir un gagnant... », ajoute le chef du Bloc-Pot.
Ordre
La manifestation d'hier s'est déroulée dans l'ordre. Les jeunes ont fraternisé, ils ont partagé de l'herbe, ils ont pus se retrouver entre eux et parler politique avant le déclenchement des élections.
De leur côté les policiers ont tourné de belles images d'automne avec leurs caméscopes et regarni leurs albums de photos.
Ils auraient procédé, dit-on à deux arrestations, hier au milieu de l'après-midi.
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