Subtil et flagrant
Lors de ma brève existence, j'ai eu la chance d'observer les illusions qui parsemaient ma route, la chance de les cueillir, de les entrevoir, de les palper, de les goûter, mûres, elles m'ont apparues telles qu'elles sont, prêtes à être abandonnées.
Les institutions érigées par les Hommes pour régir leurs comportements s'épuisent à taire leur véritable aspiration, mettent en scène un spectacle si divertissant qu'elles voilent les enjeux primordiaux liés au parcours inachevé de toute forme de vie.
Mâchouillé, gossé dans du bois, en forme de tulipe, le discours dominant assourdi les sens essentiels, trompe l'intention altruiste, dévie, réfléchi dans tous les spectres du quotidien, ces couleurs sombres qui absorbent toute l'attention pour la convertir en chaleur, chaleur qui provient d'une distance si lointaine qu'elle devient rapidement froide, calculée, fractionnée en unités standardisées, méthodiquement réglée pour donner juste assez tout en conservant la plus grande part.
Siéger au centre de l'appareil gouvernemental revient à vouloir imiter le soleil.
Entouré de gens dépendant, gouverner, selon les bornes qui favorise l'accumulation grandiose pour une clique restreinte, agir en coulisse, lors d'obscures poignées de main, les chiffres voyagent, gonflent ou explosent.
Lors d'échanges entre semblables, les mains s'effleurent sans vouloir se toucher, l'argent échoue, freine sa course, que lorsqu'elle nous échappe, qu'elle redevient tributaire de notre subsistance insuffisante face à l'opulence miroitée, irréaliste.
Un monde où tous sont servis, mais qui sera le serviteur?
Le vote régit l'obtention du siège, de la pole position, de la personnification d'une pieuvre autonome qui accepte chaque pantin du moment qu'elle puisse toucher les cordes, jouer de l'instrument mal accordé au son duquel danse la collectivité, entraînée, malgré elle, dans ces macabres mouvements compétitifs, niant la sensibilité de l'animal comme du végétal, méprisant ce qui échappe à ses tentacules, ce qui refuse de nourrir ses ambitions.
Démocratie, tu m'inspire la fierté, brandissant ton étendard colonial galvanisé, face à tant d'histoire oubliée, semée comme des cendres aux vents de l'amnésie, héritant de ce qui flatte, ignorant ce qui rend coupable.
Le vainqueur n'aura jamais d'intérêt à changer les règles d'un jeu qui le proclame vainqueur...
Et depuis toujours, les uns abusent des autres à l'aide d'une cérémonie captivante.
J'ai vu le feu, inhalé la fumée, humé un tissu de mensonges opaques, impénétrables de par leur complexité, un réseau intime qui m'excluait tout en cherchant à me séduire, qui me brûlait en m'apportant le réconfort, qui m'ensorcelait sans m'offrir l'antidote.
Cantonné sur mes renforts, je persiste à dénoncer l'absurdité de cette joute électorale, à dénuer ses principes, à réclamer sa limpidité, qu'un accès soit libéré entre le citoyen et le sort du monde.
Le vote demeure une capitulation devant l'hégémonie persistante de ce qui est, omet la subtilité, l'eau dans le vin, quelques coups de crayons, compilés, afin d'établir la vérité jusqu'à la prochaine prestation visant à nous tromper...
Les opinions exprimées dans les billets de blogue de ce site n'engagent que leur auteur et ne constituent pas une prise de position officielle du Bloc Pot.
Ajouter un commentaire