Manif pour le «pot»: 150 jeunes se massent devant le Parlement pour réclamer la légalisation de la mari

Le Soleil, dimanche 21 juin 1998, p. A3
Landry, Kim Soo

Québec - Plus de 150 jeunes se sont massés hier sur les pelouses de l'autre côté de l'avenue Dufferin, en face du Parlement, afin de montrer leur appui à la dépénalisation de la marijuana.

Ils étaient plusieurs bandes de jeunes, assis dans le gazon, jasant bien tranquillement ou jouant du tam-tam, réunis pour ce 7e rassemblement annuel. D'immenses banderoles à l'effigie de la plante illégale délimitaient le territoire de l'attroupement. La musique y donnait une ambiance de fête. On y respirait la bonne humeur.

Des discours venaient interrompre de façon intermittente la musique. «Nous revendiquons la décriminalisation immédiate de la consommation privée entre adultes, de la possession simple et de la culture de marijuana», a déclaré le principal organisateur de l'événement. Les arguments médicaux et économiques étaient invoqués pour défendre les revendications. «Le cannabis a des vertus thérapeutiques et peut être utilisé à des fins industrielles: plastique, carburant, vernis, huile alimentaire», a-t-il expliqué.

Postés sur le terrain du Parlement, deux agents de la Sûreté du Québec observaient les manifestants qui se tenaient de l'autre côté de la rue. «On ne tolère personne sur les pelouses de l'Assemblée nationale», a insisté l'agent Jean-Yves Rouleau, précisant qu'il n'y avait jamais eu de problèmes avec ce rassemblement.

Nicolas, un jeune Français en stage à Québec, passait par hasard devant le Parlement quand il a vu les banderoles. Il est venu pour la cause et pour les tam-tams. «La mari, c'est trop bon!», a-t-il lancé. Il raconte qu'on parle de plus en plus en France de la dépénalisation du cannabis. «Il y a cinq ans, on n'en parlait pas. Maintenant on le fait», a-t-il dit, expliquant qu'à l'instar de Québec, on marque en France le 18 juin comme journée pour la légalisation de la marijuana.

Sur les lieux, Marc Saint-Maurice tentait de recruter des membres pour son nouveau parti, le Bloc Pot.

Autorisée officiellement depuis mars, la nouvelle formation politique compte jusqu'à maintenant une dizaine de candidats et plus d'une cinquantaine de membres.

Le Bloc Pot cherche à mettre à l'ordre du jour politique la question de la légalisation du cannabis. «Il faut envoyer un vote en bloc au provincial pour ouvrir le débat», a indiqué le chef du parti et aussi bassiste du groupe Grimskunk. Selon lui, on devrait «au même titre que la bière, en (la marijuana) faire un usage social».

Vers dix-huit heures, les gens de «Food not Bombs» étaient là pour servir un pique-nique végétarien. Au menu, des végé-pâtés cuisinés avec des graines de chanvre. Tout près d'eux, on vendait des t-shirts, des sacs, des portefeuilles et autres accessoires tissés avec du fil de chanvre. «On veut montrer que le chanvre, c'est pour autre chose que pour fumer», a lancé Line Massicotte.

La manifestation devait se poursuivre au son des tam-tams jusqu'aux petites heures de la nuit. On y attendait près de 500 personnes pour célébrer la venue officielle de l'été.

Au moment de mettre sous presse, les policiers ne signalaient aucun incident fâcheux.