Le trésor de la lumière et le mystère des cinq arbres

Au tournant du vingtième siècle, le professeur GRS Mead a résumé une traduction allemande d’un texte gnostique parvenu jusqu’à nous, le « Deuxième livre d’IeouP » [16]. Le texte décrit Jésus demandant à des disciples hommes et femmes de se joindre à lui afin qu’il puisse leur révéler le grand mystère du trésor de la lumière.

Pour accomplir cela, les candidats doivent être initiés par trois baptêmes : le baptême de l’eau, le baptême du feu et le baptême de l’Esprit Saint, « et ensuite le mystère du chrême spirituel [l’onction] » [10].

Jésus dit à ses disciples que les mystères maîtres du trésor de la lumière sont liés au mystère des cinq arbres, ce qui pourrait vouloir dire la connaissance des plantes magiques qui étaient utilisées au cours de la cérémonie.

Jésus promet de donner tous ces mystères à ses disciples afin qu’ils puissent être appelés « enfants de la plénitude (du plérôme) rendus parfaits dans tous les mystères. » Le Maître rassemble ensuite ses disciples et prépare un espace pour l’offrande, place un vase de vin à la gauche de l’offrande et un à sa droite, place certaines baies et certaines épices autour des contenants. Il place une plante dans leur bouche et, dans leurs mains, une autre plante. Il les place en ordre autour de l’offrande [10].

Poursuivant le rituel, Jésus donne aux disciples des coupes ainsi que d’autres articles, et marque leurs fronts d’un sceau. Puis, comme dans les cérémonies chamaniques et magiques à travers le monde, il tourne ses disciples vers les quatre coins du monde, leur disant de se coller les pieds les uns aux autres en une attitude de prière, puis offre une prière qui commence par une invocation, et poursuit avec un certain nombre de purifications vers le baptême du feu.

Dans ce rite, des branches de vigne sont utilisées et parsemées de divers matériaux d’encens. L’eucharistie est préparée… [8]

La prière [cette fois, à] la vierge de lumièreQ… le juge; c’est elle qui donne l’eau du baptême de feu. On demande un signe dans « le feu de cet encens fragrant », et il vient par l’entremise de ZorokothoraR. La nature de ce signe n’est pas énoncée. Jésus baptise les disciples, leur donne l’offrande de l’eucharistie, et marque leur front du sceau de la vierge de lumière.

Ensuite vient le baptême de l’Esprit Saint. Dans ce rite, les vases de vin et les branches de vigne sont utilisés. Un signe se produit à nouveau, sans plus de précision. Après cela a lieu le mystère pour enlever la malice des souverains, qui consiste en une offrande complexe d’encens.

On peut présumer que le « signe » dans l’encens qui a tant rendu perplexe Mead est une référence à ses effets psychoactifs indescriptibles. Il est aussi probable que l’autre « signe » non défini renvoie aux propriétés magiques des différentes plantes utilisées dans la cérémonie.

Il semble s’ensuivre que l’identité des différentes plantes, vignes et baies décrites dans les extraits était donnée aux participants comme formant le mystère des cinq arbres.

À ce moment, nous ne pouvons que supposer quelles autres plantes étaient utilisées dans la cérémonie. Les mentions de la mandragore dans la Genèse (30:14-16) et dans le Cantique des cantiques de Salomon (7:13) (qui semble indiquer son ajout dans l’huile sainte d’onction), documentent clairement l’intérêt de longue date des Hébreux pour ces plantes-anges semblant magiques.

Il semble manifeste que l’usage et la connaissance de telles plantes auraient pu être transmis dans certaines branches « hérétiques » de la foi, comme celle des gnostiques. L’ajout d’une drogue hallucinogène puissante comme la mandragore (ou la belladone, aussi populaire au Moyen-Orient à cette époque) contribuerait à expliquer certaines des expériences extrêmes reliées aux onctions et aux baptêmes sacrés que décrit la littérature gnostiqueS.


[8] John Allegro, he Sacred Mushroom and the Cross, Paper Jacks, 1980
[10] [10] GRS Mead, Fragments of a Faith Forgotten: Some Short Sketches Among the Gnostics of the First Two Centuries, Theosophical Publishing Society, Londres et Benares, 1900
[16] Codex Brucianus, an 1892 German translation by Dr Carl Schmidt. (cité par Chris Bennett, Osburn & Osburn, Green Gold the Tree of Life: Marijuana in Magic and Religion, Access Unlimited, 1995