Cannabis à la maison, le bon « plant »?
Cannabis à la maison, le bon « plant »?
Publié le mercredi 17 avril 2019 à 11 h 40
Axel Tardieu
Depuis octobre, non seulement il est possible d'acheter du cannabis de façon légale, mais la plupart des Canadiens peuvent aussi cultiver leurs propres plants à la maison. Un marché lucratif pour les entreprises spécialisées et une solution économique, à long terme, pour les consommateurs.
Au premier étage de sa maison à Calgary, Rosie Verhelst tente une nouvelle expérience. Cette infographiste de 40 ans fait pousser quatre plants de cannabis dans sa chambre. « J'ai deux variétés de graines hybrides », dit-elle.
Elle n'a jamais été douée pour faire pousser des plantes d'intérieur, mais, cette fois-ci, elle est persuadée d'y arriver. La tente hermétique, de la taille d'une armoire, a été installée au pied de son lit par une entreprise spécialisée, et un ami lui a donné de jeunes plants pour pouvoir démarrer plus rapidement sa production.
« J'ai encore du mal à connaître la différence entre toutes les bouteilles que j'ai achetées, mais j'apprends petit à petit », assure Rosie Verhelst. Chaque semaine, elle devra verser des quantités précises de nutriments pour nourrir son cannabis en pleine croissance.
Pour ne pas faire d'erreur, elle lit attentivement les indications sur la dizaine de contenants. « Si on m'avait dit, il y a un an, que je ferais pousser du cannabis, je n'y aurais pas cru! Je vois ça comme un défi. C'est intéressant d'apprendre comment tout ça fonctionne », indique-t-elle.
Économies en vue
Tente, lumières, ventilateur, nutriments... Même après avoir dépensé plus de 2000 $ en installation et en produits, Rosie Verhelst est certaine d'en sortir gagnante financièrement. « Selon mes calculs, je vais économiser 1000 $ si on compare le coût des 400 grammes que je vais avoir à la fin de ma récolte avec le prix dans les magasins », évalue-t-elle.
Curieuse d'en apprendre plus, Rosie Verhelst ne compte pas s'arrêter à une seule récolte. Elle pense déjà à son deuxième essai au bout de trois mois de culture et espère bien améliorer son rendement et diversifier son jardin avec de nouvelles variétés de graines.
Des néophytes comme cette mère de trois enfants, il y en a de plus en plus depuis la légalisation du cannabis.
Huit provinces et les trois territoires autorisent la culture de quatre plants de marijuana à domicile.
Seuls le Québec et le Manitoba l'interdisent.
Pourquoi le Manitoba et le Québec disent non
Au Manitoba, le gouvernement a expliqué son choix d'interdire la culture du cannabis par le souhait de protéger les jeunes. Il veut aussi éviter que le cannabis cultivé à la maison ne se retrouve sur le marché noir. Les contrevenants risquent une amende de 2542 $.
Au Québec aussi, on s'inquiète de la possibilité de voir le marché noir profiter de la culture à domicile. Les contrevenants risquent une amende maximale de 5000 $ et six mois de prison.
Dans les deux cas, le gouvernement provincial affirme qu'il reverra sa position, au besoin, dans les prochaines années.
Si la culture de cannabis à domicile est devenue un nouveau loisir pour certains, cette tendance fait aussi les affaires des magasins d'horticulture.
Des centaines de clients depuis la légalisation
L'entreprise GrowPro, à Calgary, a ouvert ses portes un an avant la légalisation pour être fin prête le jour J. L'un des gérants, Jeff Bugera, tient la boutique avec sa femme et sa fille, mais l'expert au pouce vert, c'est lui : il fait pousser de la marijuana depuis 30 ans.
Dans son magasin, on trouve des lumières de toutes les tailles, des tentes hermétiques, des ventilateurs ou de la terre fertile. Il dit tester tous les produits chez lui pour mieux conseiller ses clients.
Depuis la légalisation, GrowPro voit défiler des centaines de personnes de tout âge et de profil varié. La direction explique qu'un client sur deux franchit le pas de la porte dans le but d'acheter l'équipement idéal pour faire pousser les quatre plants autorisés par la loi.
« Beaucoup de gens se tournent vers notre tente standard, qui permet de cultiver des légumes, du bok choy ou de la laitue à côté de leur marijuana. C'est vraiment pratique », assure Jeff Bugera.
Il faut compter entre 800 et 1200 $ pour l'équipement complet comprenant lumières, ventilateurs et engrais.
Faire des économies ne serait pas la seule motivation des clients
Parmi les innombrables offres de nutriments et de substrats spécialement conçus pour la culture du cannabis, on trouve en boutique beaucoup d'options biologiques. « Les gens veulent être sûrs de consommer du cannabis sans pesticides ou produits chimiques, et, donc, d'éviter d'acheter les produits des grandes marques », explique Jeff Bugera.
L'entreprise propose également, moyennant 50 $ l'heure, l'installation à domicile des équipements. Une option qui a déjà séduit plus de 700 clients, selon le gérant.
Les affaires fonctionnent si bien pour cette entreprise familiale qu'elle est en train de faire construire un local quatre fois plus grand juste à côté.
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Pourquoi le Manitoba et le Québec disent non !
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Manitoba: protéger les jeunes et éviter que le cannabis cultivé à la maison ne se retrouve sur le marché noir
Au Québec aussi, on s'inquiète de la possibilité de voir le marché noir profiter de la culture à domicile.
Le cannabis légal des monopoles prohibitionnistes peut
et se retrouve présentement sur le marché au noir.
Alors pourquoi donner le droit à la culture perso
qui pourrait se retrouver sur le marché au noir !?
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