Argumentaire – 1. Comment répondre aux idées préconçues
Le cannabis est une substance dangereuse, il entraîne une dépendance et pousse vers des drogues plus fortes!
Le tabac est aussi une substance dangereuse causant le plus souvent une grave dépendance. L'alcool est une substance dangereuse causant parfois une dépendance. Le sel présente aussi des dangers, de même que le cholestérol, la sédentarité, le manque de sommeil et le surménage! Doit-on criminaliser tout cela? Est-il même possible d'interdire tout cela? La vérité est que nous avons tenté de restreindre la circulation du cannabis au Canada et nous avons échoué. Le cannabis est consommé à plus grande échelle que jamais. Il serait peut-être temps d'essayer d'autres approches.
Quant à la substance elle-même, il n'existe aucune preuve convaincante qu'elle pousse à la consommation de drogues plus fortes. Environ 8 à 10% des consommateurs de cannabis en deviendront dépendants, des taux inférieurs à ceux mesurés pour l'alcool et le tabac. Et ses effets négatifs sur la santé sont mineurs chez la plupart des usagers.
Mais le cannabis d'aujourd'hui est beaucoup plus fort qu'avant, on ne parle plus de drogue douce, là ?!
Le vin, produit de dégustation, possède un taux d'alcool deux fois plus élevé que la bière. De plus, la fumée de cannabis étant néfaste pour les poumons, un taux élevé de THC peut même être souhaitable, le consommateur ayant besoin d'absorber moins de fumée pour atteindre le niveau de THC désiré. L'important est que les gens connaissent d'avance la concentration du produit pour gérer adéquatement leur consommation.
De plus, rien n'empêchera les compagnies de produire du cannabis moins fort une fois celui-ci légalisé. C'est pas tout le monde qui boit de la vodka. La prohibition est en partie responsable de l'augmentation de la concentration. En tant que producteur de THC, pourquoi faire pousser 100 plants à 5% de THC si on peut en faire 100 à 15% ? La production devant demeurer clandestines, on augmente la concentration plutôt que le volume pour éviter d'être pris.
Reste qu'on a pas besoin de cannabis pour vivre. On peut parfaitement être heureux sans des paradis artificiels comme ça?!
Vivre ne demande presque littéralement que de l'amour et de l'eau fraîche. Va-t-on interdire la lecture, le hockey, les mets chinois et Céline Dion parce qu'on a pas besoin de ça pour vivre? La légalisation du cannabis n'oblige personne a en consommer. Elle permet simplement à ceux qui le veulent de le faire. Si cela leur apporte du malheur, tant pis pour eux. S'ils en retirent du plaisir, tant pis pour vous.
Mais la banalisation va augmenter la consommation?
Promouvoir la légalisation du cannabis n'est pas promouvoir la consommation du cannabis. Rien ne nous empêche par la suite de faire des campagnes de sensibilisation comme celles faites sur l'alcool et le tabac. Les campagnes de peur ne présentant que les cotés négatifs de la substance laissent penser qu'il y a anguille sous roche et peuvent même inciter certains à consommer, ne serait-ce que par défi.
L'augmentation de la disponibilité va augmenter la consommation?
Il ne s'agit pas d'introduire une nouvelle drogue au pays. Le cannabis y est déjà largement disponible. Nul besoin d'être un proche parent d'un motard pour y avoir accès. Il est assez fréquent de s'en faire offrir dans les rues des grandes villes. En fait, dans certains cas, la légalisation risque de réduire l'accessibilité du cannabis. Il y aurait probablement un âge minimal pour l'achat, ainsi qu'une restriction sur les lieux et les heures de vente.
On tente de diminuer la consommation de tabac depuis des années, il serait illogique de légaliser le cannabis!
Premièrement, on a réussi par la sensibilisation à réduire la consommation de tabac. Par contre, on a lamentablement échoué à réduire la consommation de cannabis. La consommation chez les jeunes Québécois a augmenté de 70% de 1993 à 1998. Ensuite, on aurait pu interdire le tabac pour tenter de réduire sa consommation. Pourquoi interdire le cannabis et pas le tabac ? Et pourquoi pas interdire le sel, le pain blanc, la sédentarité? Dans une telle société, les effets négatifs sur la santé mentale dépasseraient de beaucoup les effets positifs sur la santé physique.
Légaliser ne mettra pas fin au crime organisé. Les criminels vont vendre aux mineurs, ou vendre moins cher.
Le but de la légalisation n'est pas de mettre fin au crime organisé. Mais cela serait certes un « effet secondaire » intéressant. Le crime organisé ne disparaîtra pas, il risque simplement voir son ampleur réduite. Comme pour le tabac, si les taxes sont trop élevées, il y aura de la contrebande. C'est au gouvernement à contrôler sa gourmandise. Quant à la vente au mineurs, le marché n'est pas très grand et la concurrence venant des grands frères risque d'être féroce. Est-ce que le crime organisé vend de l'alcool aux mineurs, à grande échelle? À notre connaissance, non!
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